Un truc de dingue

La Transat Jacques Vabre nous avait habitué à des départs tambour battant avec force pluie et tempête, où l’on craint pour le matériel au mieux, pour les marins au pire ; où les skippers font le gros dos pour essuyer un front, ou fuient plein sud pour y échapper… Mais là… cette situation sans vent laisse sans voix. Empêtrés au cœur du golfe de Gascogne, le réputé « cogne dur » en automne, les concurrents de la Transat Jacques cherchent désespérément du vent, depuis plus de 24h déjà.

C’est aussi ça la magie de la course au large : l’imprévu et savoir y faire face ! Et Marie et Louis s’y emploient à merveille ! Le duo Kostum – Lantana Paysage pointe en 12e position ce matin. Ils sont également les premiers « non foilers », au coude à coude quelques foilers, dont le Maître CoQ de Yannick Bestaven.

Ces conditions météo peu propices à la glisse (c’est le moins que l’on puisse dire) ne permettent en effet pas aux foilers d’exprimer tout leur potentiel : il leur faut un minimum de vent pour pouvoir « décoller ».

Alors, quand on n’a pas de vent, on a des idées. Comme l’annonçaient Marie et Louis avant le départ, il faut jouer tout en finesse, se placer au mieux sur le plan d’eau pour tenter de s’extirper dès que possible de cette « dorsale ».

Mais cette journée de mardi devrait ressembler à celle d’hier : calme, très calme sur l’eau tandis qu’à bord des bateaux de la Transat Jacques Vabre, les concurrents vont devoir déployer des trésors d’énergie pour régler leurs voiles le plus finement possible. Et tenter de rester aussi calmes que le vent…

Demain en revanche, un petit flux d’est salvateur devrait souffler à nouveau dans les voiles de l’IMOCA Kostum – Lantana Paysage…

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Superbe message du bord, de Marie, reçu hier soir

Hommage, notamment, à un « grand bonhomme »

 » Tellement longtemps que je n’ai pas tapoté sur ce clavier étanche…

Écrire est un plaisir, mais il faut avouer que nous étions « un peu » débordés hier. Nous avons privilégié la course plutôt que la communication et je crois que ça a payé : en tout cas, nous, nous sommes contents de notre trio. 

A l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes toujours dans un vent pas très confortable, où nos purs sangs se dandinent, entre 7 et 11 knt, parfois plus, souvent moins. Notre groupe se compose de Maitre CoQ, Apicil, Macsf, Nexans- Art et fenêtre, Prysmian Group et Groupe Setin.

Sur chacun de ces bateaux, au moins un tour du mondiste à bord, et nous sommes contents de pouvoir enfin mesurer Kostum-Lantana Paysage à ses copains. Maintenant, on va tenter de ne pas les quitter !

Hier, enfin, c’était la délivrance. Après des années de rêve, des mois de préparation et 10 jours de village, nous avons le droit de reprendre nos vies de marins et quitter la vie terrestre pour quelques semaines, le temps d’aller vivre une course mythique. 

Je ne sais pas pourquoi la Transat Jacques Vabre m’a toujours attirée, elle plus qu’aucune autre. 

Probablement car j’ai eu la chance de la rencontrer jeune et de pouvoir travailler comme stagiaire à tout faire lorsque Gérard Petipas organisait la transat. J’ai vite compris que cet événement était une machine à fabriquer des histoires d’Hommes et de bateaux, alors je me suis dit qu’un jour, je la vivrais de A à Z. 

Mais cette transat ne se résume pas qu’aux coureurs. C’est une mécanique de précision, une organisation dingue tous les deux ans, où des femmes et des hommes doivent relever pas mal de défis pour que les coureurs puissent partir sereinement, que les partenaires puissent tous s’exprimer et que le public puisse rêver. Un travail colossal, entre politique, financement, administration, organisation, etc.

Il y a l’organisation et il y a nos anges gardiens : les directeurs de course. Ce sont eux qui veillent sur nous, qui assurent notre sécurité et qui se tapent des nuits d’angoisse si un pépin arrive. Ce sont les bibles de la course au large, au courant de toutes les histoires, au milieu de toutes les décisions. Qu’elles plaisent ou non, ce sont les chefs et ils assument. Parfois ce sont des passionnés pouvant assumer de grosses responsabilités, et parfois ce sont d’anciens coureurs qui permettent à d’autre coureurs de partir. 

Alors hier, quand j’ai franchi la ligne de départ, que mon rêve est devenu réalité, j’ai pensé fort à tous ceux qui ont œuvré pour que cette course existe toujours, de Gérard Petipas à Gildas Gautier (qui ont à eux deux organisé je crois plus d’une dizaine d’éditions) ainsi qu’au staff actuel, merci. Tellement de mercis. Mais hier, j’ai surtout beaucoup pensé à un super bonhomme, un directeur de course à qui j’avais promis qu’un jour, je ferai cette JV avec lui comme ange gardien : ça y est, c’est fait m’sieur Jean Maurel. 😉

Bonne nuit et bon quart à tous, 

Marie « 

Imoca kostum-Lantana Paysage

Photos Bernard le Bars