Patience, repos et concentration

Hier matin, jour de départ de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, les coureurs de la classe IMOCA ont reçu, à 7h45, un message de la direction de course leur annonçant qu’ils resteraient à quai. Depuis la veille au soir, tous savaient que la situation météo s’était dégradée, mais cette nouvelle a créé la surprise. La majorité d’entre eux avait déjà enfilé bottes et ciré. Ils étaient tous mentalement prêts à affronter le gros temps attendu en Manche et en Atlantique.
« C’est chargé en émotions quand même tout ça : apprendre 2h avant de quitter le ponton que tu restes à terre… Il faut encaisser le coup », explique Louis Duc.

Les IMOCA à l’abri
Cette décision de la direction de course était la bonne. Les IMOCA n’avaient pas le temps de traverser le golfe de Gascogne du nord au sud pour se glisser en dessous du monstre dépressionnaire en approche des côtes françaises. Francis Le Goff, directeur de course de la Transat Jacques Vabre avait alors contacté tous les ports bretons pour tenter de trouver des places abritées pour les 40 IMOCA engagés, sans succès. La seule solution était donc de reporter leur départ.

Les Class40, moins rapides, avaient-eux leurs places déjà réservées la veille, à Lorient. La flotte des Ocean Fifty (trimarans de 50 pieds) s’abriteront aussi à Lorient. Ils ne sont que 6, il fut relativement facile de leur trouver des places.

Les Ultims, véloces trimarans de 23 mètres, ont quant à eux la capacité de rallier des latitudes météorologiquement clémentes avant mercredi.

Les IMOCA resteront donc au Havre, un abri sûr au regard des conditions extrêmement violentes attendues en Atlantique cette semaine avec un pic à priori jeudi : 50 nœuds établis et des rafales à plus de 70 nœuds (140 km/h), 10 mètres de creux au large… Bref, un front aussi puissant qu’un ouragan.

« C’est chargé en émotions… »
Pour Louis, Rémi et les 78 autres skippers de la Classe IMOCA, après la surprise, le flottement, il faut retrouver un équilibre, d’autant que cette période d’attente pourrait durer une semaine, au moins.

Louis Duc : « C’est assez complexe mentalement. Je reste dans la course pour l’instant, en suivant les concurrents en course. Il y a d’ailleurs eu quelques casses au départ et cette nuit, dont un démâtage… Et 99 % de la flotte sera neutralisé demain, à Lorient. Ce n’est facile pour personne.

Il va falloir patienter, faire redescendre complètement la pression.
La météo, avant samedi, voire dimanche ou lundi, n’évolue pas dans le bon sens. Mais comme les prévisions ne sont pas toujours fiables, je préfère ne pas regarder plus loin que samedi, pour le moment.

L’objectif est de se reposer parce que c’est chargé en émotions quand même tout ça : être prêt à partir, savoir que dans la nuit il va se passer quelque chose, mais sans savoir quoi, et apprendre 2h avant de quitter le ponton que tu restes à terre… Il faut encaisser le coup.
Il va falloir patienter, étudier la météo, se reposer et se remettre en mode course trois jours avant la fenêtre qui s’ouvrira pour nous. »