Marc Lefebvre, rigueur et… romantisme

Isabelle Autissier, Alain Gautier, Christophe Auguin, Alex Thomson, Mike Golding, Samantha Davis, Sir Robin Knox-Johnson, Ellen Mc Arthur, Dee Caffari, Tanguy Delamotte, Yann Elies, Damien Seguin, Yannick Bestaven, Yohan Richomme, Charles Caudrelier, Halvard Mabire, Marc Thiercelin, Isabelle Joschke, Franck-Yves Escoffier…
Tous ces coureurs, et bien d’autres encore, ont confié leur bateau, leur gréement aux bons soins de Marc Lefevbre. Construction, préparation, mise au point… Marco, formé à la rigueur industrielle et séduit par les débuts romantiques de la course au large, connait le sujet sur le bout des ongles, et pour cause, il travaille et navigue à bord de ces engins de course depuis les premiers bords de la Classe IMOCA.

« J’ai commencé la voile à 7 ans, à St Malo, en vacances… et je n’ai jamais arrêté ! » : planche à voile, catamaran de sport, IRC… La voile reste cependant un loisir. Marc sera électro-technicien chez PSA Citroën. « J’y ai notamment appris la rigueur. C’est bien utile en termes de gestion d’équipe, de budget, de fournisseurs. »
Pendant 7 ans, il travaillera de nuit, au chevet des robots, jusqu’à ce qu’il bascule côté mer. « J’ai commencé à travailler pour des skippers : Alain Gautier (Generali Concorde puis Bagage Superior), Christophe Auguin (Geodis) qui m’a fait rencontrer Christian Britt. Et puis, Mike Golding, Marc Thiercelin… J’étais directeur technique et naviguant. »

C’était un peu la bohème
« Le tout premier bateau que j’ai préparé, c’était le Half Tonner d’Isabelle Autissier. Je trainais sur les pontons à La Rochelle, je cherchais un embarquement ou du boulot : je lui avais donné un coup de main.
C’était un peu la bohème, entre construction et convoyages. Il y avait un côté romantique à tout cela ! C’était au jour le jour, on prenait ce qui venait…
C’est aussi comme ça que j’ai connu un certain Michel Desjoyeaux : il cherchait un embarquement pour faire le Spi Ouest France, en 86 ou 87. Il venait de gagner le Challenge Crédit Agricole en Figaro et il arpentait les pontons pour régater !
Ça se passait comme ça, à l’époque. Ce n’était pas professionnalisé comme maintenant. Il y avait un côté sympathique de ne pas savoir de quoi serait fait le lendemain. J’aimais assez ça… »

Au départ, c’était une friche
« J’étais tout le temps parti. Je naviguais en course et sur les convoyages. Au bout de quelques années, ça s’est décidé en Nouvelle Zélande, en 99 : j’ai eu envie de poser mon sac. »
Marc rentre alors en Normandie et poursuit son travail de préparateur et de régleur, notamment à la demande de coureurs anglais. « Je n’ai pas vraiment créé un chantier, je me suis mis à mon compte. J’avais un emplacement sur le canal (où se trouve aujourd’hui V1D2), c’était en friche… Au fur et à mesure, avec le soutien de la CCI et du Port de Caen, nous l’avons équipé : une fosse, un bâtiment… pour faire de la préparation de bateaux de course. Et c’est parti comme ça ! »

Louis est arrivé dans ces années-là
Louis Duc, du haut de ses 17 ans, et qui avait déjà compris que les bancs de l’école n’étaient pas pour lui, a fait ses premiers pas dans le monde de la course au large au sein de cet « atelier », en travaillant à la construction du bateau d’Alain Gautier, en 2002. « Louis est arrivé ici dans ces années-là… On se connait depuis très longtemps ! »

Chef de projet
Marc est impliqué dans le programme IMOCA de Louis depuis les premières heures du projet, puisque c’est lui qui avait repéré ce bateau, laissé-là, à l’état d’épave, sur le terre-plein au bord du canal.
« J’ai contacté le propriétaire et transmis le dossier à Louis. Il y a eu les expertises, les négociations et nous avons constitué une équipe pour le refit avec, notamment, Christian Britt et le grand Seb’. »
Son rôle consistait à gérer les expertises et superviser l’ensemble du chantier, en lien avec le cabinet d’architectes Marc Lombard et Louise Duval, la jeune ingénieure du team. « Nous faisions aussi un point technique tous les matins, avec Christian et Seb,’ on se connait par cœur. »
Cette année, c’est un peu différent, « Louise était là dès le début, elle avait les choses en main. Et quand Louis m’a appris le démâtage j’ai tout de suite envoyé un texto à Mich : il m’a répondu oui, j’ai un mât. C’est allé vite. »

Louis ?
« Sous son air décontracte, il y a du solide. Il a réussi à mener des gros projets, sérieux : à commencer par la construction et le lancement du Lift40… Il a construit son équipe de toutes pièces, il est parti d’une page complètement blanche, c’était audacieux.
Sans faire beaucoup de bruit, il génère des histoires. Sans se prendre au sérieux, il avance bien et avec sincérité : et ça, ça vaut de l’or ! »

Au fait, pourquoi « V1D2 » ?
« Ma spécialité, c’est le réglage des gréements. Donc le mât, c’est une verticale, et les haubans, deux diagonales. Vertical 1 et Diagonales 2 : c’est une expression anglo-saxonne.
Et puis ça fait penser à R2D2 : je suis assez fan de la saga Star Wars ! »