Ce jeudi matin, après presque 3 semaines de course, le skipper Fives Group – Lantana Environnement est 2e des Imoca à dérives. Cette belle performance est le fruit d’une option que Louis Duc travaille depuis plus d’une semaine. « Je suis hyper content d’être dans le groupe de tête des bateaux à dérives, sur un positionnement bien travaillé », sourit le Normand qui se prépare, avec envie et pour la toute première fois, à naviguer dans les mers du Sud : « nous y serons dimanche ou lundi. »
Les solitaires du Vendée Globe ont bientôt 3 semaines de course dans leur sillage. Un tiers du temps, un gros quart de la distance ont été parcourus. Déjà. Et si les foilers et leurs skippers, en file indienne et droit dans la pente, impressionnent par leurs vitesses inédites, les bateaux à dérives se livrent eux à un passionnant jeu de stratégie fine à l’échelle océanique.
Je suis hyper content !
Entre les partisans de l’Est, les centristes et l’option Ouest du skipper Fives Group – Lantana Environnement, la flotte des Imoca à dérives compose depuis 10 jours, chacun sur sa route, avec les caprices des alizés de l’hémisphère nord, puis les aléas du pot au noir et, désormais, l’anticyclone de Sainte Hélène.
Il fallait bien anticiper et tenir bon son option, jusqu’au bout : ce que Louis Duc a su faire : « Je m’arrache depuis plusieurs jours pour faire avancer le bateau, faire une belle trajectoire, à être bien placé par rapport aux nuages et aux fluctuations du front et je suis content : ça a fini par payer. Jean Le Cam avait 200 milles d’avance en distance au but, nous sommes maintenant au même niveau. »
Plus rapide
Depuis plusieurs jours aussi l’Imoca à la grosse fleur, malgré des conditions instables, est le plus rapide de son groupe : « mon décalage Ouest me permet d’avoir un meilleur angle par rapport au vent que les autres. Et plus tu es devant, plus le vent devrait rentrer. »
Ça faisait partie des atouts de cette stratégie Ouest.
Pain noir
En revanche, dans les trois prochains jours, Louis devrait perdre du terrain : « nous allons avoir une phase au portant où, sans spi, je ne pourrais pas tenir la cadence, mais ce n’est pas très grave, je ne serai pas trop loin. Je me positionne pour garder de l’angle et ne pas me faire trop distancer. » Savoir anticiper toujours et positiver, pour performer et voir loin.
Bateau et marin en forme
Après ses déboires des premiers jours de course, Louis n’a plus eu de casse à déplorer et réparer : « Tout va bien à bord, j’arrive à bien dormir, je suis en forme. Je vais faire un check complet du bateau avant les mers du sud. »
Plongeon vers l’inconnu
Dans 4 à 5 jours, Louis entrera dans des zones inconnues pour lui. Et tant attendues, rêvées. « Nous devrions être au niveau de l’archipel de Tristan da Cunha dimanche après-midi, c’est par 35° Sud… Là, ça va commencer à changer d’ambiance : on retourne dans des systèmes dépressionnaires », commente le Normand avec gourmandise !
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Message du large !
« Bonjour à tous,
Ce matin, je suis content ! Même presque fier, de Me retrouver à une poignée de milles en distance au but de Jean Le Cam, et devant l’ensemble de la flotte des bateaux à dérives.
Cela fait plusieurs jours que je rumine, exploite les risées, cherche une trajectoire pour trouver du vent, un bon angle pour aller vite, décalé de plus de 200 milles de la tête de la flotte à un moment avec 100 milles de retard en distance au but, me voilà revenu dans le match.
Content aussi de voir que le bateau est bien dans le coup en termes de performance, ce qui met bien en valeur le travail effectué de toute l’équipe depuis 4 ans pour le modifier.
Je vois bien qu’on est focalisé sur les foilers qui affolent les compteurs, avec des moyennes extraordinaires : plus de 600 milles en 24h sur un monocoque en solitaire, c’est affolant et ça me passionne aussi, mais il se passe des choses aussi plus haut en latitude…
La perte de voiles (mes spis 3 jours après le départ), qui m’a déjà beaucoup pénalisé dans les vents portants légers au niveau du Cap Vert, risque de me causer préjudice dans les jours à venir (au même titre que Clarisse et Justine) et me faire perdre ce que je viens de gagner, ce qui ne m’empêchera pas d’attaquer les mers du sud dans de bonnes conditions et, j’espère, pas trop mal placé.
En général, une perte de voile est souvent liée à une erreur humaine : mauvaise manœuvre, inattention, manque de contrôle, accompagné d’une petite part de malchance…
Bref il n’y a pas à se plaindre, faut faire avec ce qui nous reste, tous les bateaux auront des déboires à un moment, la course vient à peine de commencer le plus dur nous attend !
Bonne journée
Louis »
photos Armel Vrac