Christian Britt, artisan-compositeur

Il fait partie des pionniers de la course au large. Christian Britt n’est pourtant pas un marin « Je sais naviguer, bien sûr, j’ai notamment été préparateur de Christophe Auguin pendant 4 ans, mais je ne suis pas un navigateur… » Il avait 20 ans, en 1985, lorsque le chantier Multiplast, alors basé à Nantes, s’est lancé dans la construction des premiers bateaux de course : « On avait un pote qui travaillait là-bas. Ils cherchaient du monde : on y est allé, à plusieurs… et puis voilà ! Ça a démarré comme ça. »

Le parcours de constructeur-préparateur de Christian Britt est auréolé de noms de légende : le prao de Guy Delage, les IMOCA (dont plusieurs vainqueurs du Vendée Globe) de Titouan Lamazou (Ecureuil d’Aquitaine), Michel Desjoyeaux (PRB), Christophe Auguin (Geodis), Gerry Roufs (Groupe LG), Philippe Poupon (Fleury Michon), les trimarans ORMA de Jean Le Cam (Bonduelle) et de Giovanni Soldini (Fila), les Class America France 2 et France 3 de Marc Pajot pour l’America’s Cup 1992, l’Antarctica de Jean-Louis Etienne…

C’était Open !
« A l’origine, ce qui m’intéressait dans ce travail, c’était de construire un bateau de A à Z. On commence par faire un modèle, puis un moule et le bateau. C’est hyper diversifié et riche.
Et je suis plutôt à l’aise de mes mains, donc voilà.
En plus, c’était le tout début des bateaux de course. C’était révolutionnaire de créer ses propres moules. C’était Open ! On pouvait faire ce qu’on voulait. C’était vraiment sympa. Il y a des mecs qui ont dégrossi tout ça et créé des bateaux révolutionnaires à l’époqu
e. »

Au fil des années et des générations d’engins de course qui sont passés entre ses mains de plus en plus expertes, Christian a ainsi cumulé 40 ans d’un savoir-faire unique en composite, qui l’a aussi amené à s’investir dans le monde très exigeant des superyachts.

On est plus performants que l’aérospatial
« Le métier a bien sûr évolué : Il y a 40 ans, on testait des choses sans savoir ce que l’on faisait ! On ne maîtrisait pas tout, il y a eu des bateaux qui ont cassé… Au fil des constructions, on a analysé, appris et trouvé des solutions. Aujourd’hui, les matériaux évoluent beaucoup moins vite.
On est d’ailleurs plus performants que l’aérospatial : notre cycle de validation beaucoup plus rapide. Eux, ils mettent des années à valider un produit qui sera utilisé pendant des années. Alors qu’en course au large, on peut innover tout le temps. La Coupe de l’America est, par exemple, un terrain d’innovation hyper riche. »

Le bateau de Louis : un dossier très technique
« Techniquement, c’est toujours complexe quand on fait des trous dans la structure du bateau. Il y a beaucoup de paramètres structurels à prendre en compte. Pour les puits de dérive, notamment, ça se joue au millimètre pour que le bateau reste performant. Il faut beaucoup de précision. D’autant que l’on travaille avec des composites très épais dans les fonds de coque… C’est compliqué et intéressant ! »

Sa démarche est intéressante
« Marc Lefebvre, que je connais depuis 35 ans, m’a appelé pour me dire que Louis cherchait du monde pour son chantier de reconstruction du bateau. Je l’avais croisé il y a longtemps chez JMV en 2007. Je le suivais. P’tit Louis, c’est un gars sympa. Sa démarche est intéressante. »


Christian, c’est une mine d’or !
Louis Duc
: « C’est notre dinosaure préféré ! Christian, c’est une mine d’or dans le domaine de la préparation et du composite. Dès qu’il y a une opération compliquée à mener, il est là !
Quand on lui a proposé de réaliser la remise en état de cet IMOCA, j’étais très étonné qu’il accepte, parce qu’il a l’habitude de gérer de grosses équipes de 50 personnes. Il a un niveau tellement élevé que je ne pensais pas que ça puisse l’intéresser.
J’ai trouvé très impressionnant que, malgré son expérience, il prenne plaisir à mener ce genre de chantier, à reprendre la meuleuse, la stratification…
Il est passionné par son métier, c’est génial et vraiment précieux pour nous parce que dès qu’il y a un problème technique il a une solution simple et efficace à proposer. Il a un bagage de connaissances hyper riche : du high-tech au système D ! C’est vraiment la personne qui nous fallait.
En plus, il est pédagogue. Il est content de partager son savoir-faire. Avec Louisette, ça s’est super bien passé : il y avait d’un côté les logiciels high-techs, de l’autre le constructeur pragmatique. »